Web-Midi du mardi 6 mai 2025
J’ai vécu l’abandon et l’insécurité affective à la suite de la perte de mon père durant ma petite enfance, et j’ai souffert de l’absence de ma mère par la suite. Mes besoins affectifs n’ont pas été comblés de manière suffisante.
Je me suis créé un personnage pour survivre. J’ai banalisé mon vécu, souvent par l’humour, le positivisme et une exigence personnelle de performance élevée. J’ai très bien survécu jusqu’au début de l’âge adulte. Derrière mon sourire grandissaient le manque, l’ennui, la peine, le vide, la peur, la colère, la tristesse, la solitude, le mal de vivre, le complexe d’infériorité, la dévalorisation… et la joie, elle, se trouvait tout au fond.
Mon personnage devenait de plus en plus difficile à porter. C’est au début de cette période que j’ai connu le point de rupture, moment où mon personnage est entré en contact avec ma vraie nature. Cela s’est traduit, en langage psychiatrique, par une psychose. Des éléments déclencheurs importants m’ont alors propulsée directement en psychiatrie.
De 20 à 31 ans, j’ai vécu sept hospitalisations, toutes marquées par des épisodes psychotiques. Durant cette période, j’ai mené un long combat pour tenter de retrouver la personne que j’étais avant l’épreuve. Pendant ce combat, j’ai perdu ma confiance et mon estime de moi. Je ne savais plus qui j’étais. J’ai eu des idées suicidaires, j’ai vécu beaucoup d’ambivalence, d’instabilité aussi. J’ai perdu mes repères, mais aussi, parfois, l’espoir et la foi.
Ma force de résilience m’a permis de me relever. À 31 ans, j’ai rencontré mon conjoint, avec qui je suis toujours amoureuse depuis maintenant 22 ans. Durant cette période, j’ai suivi une formation en relation d’aide au CRAM. J’ai également suivi une formation en pair-aidance avec l’AQRP, ce qui a donné un sens profond à ma vie. Ainsi, j’ai repris le plein pouvoir sur mon existence. J’ai appris à m’auto-observer : c’est là un des héritages de mon passage en santé mentale.
Cela fait maintenant 15 ans que je n’ai pas vécu d’hospitalisation. J’ai appris à être. Je suis touchée de pouvoir vous transmettre l’espoir que le rétablissement est possible!
Caroline Gervais